Ganesh en fête
En ce moment à Pune, c’est la folie furieuse. Tous les soirs, des guirlandes s’allument de partout, des petits kiosques kitschs à mourir s’illuminent et laissent apparaitre des éléphants roses, noyés sous des millions de fleurs. Dans chaque quartier, les citoyens se sont cotisés pour créer un petit kiosque (un Ganapati Mandir) contenant une idole, plus ou moins grosse, de 20 centimètres à 5 mètres. La foule accourt, les gosses sont encore plus mignons tout excités, les rickshaw paniquent et klaxonnent comme des tarés et les policiers arborent fièrement leurs moustaches et leurs bides répugnants en secouant frénétiquement leurs matraques. Les gens se parlent, échangent des repas, des cocos, des gâteaux épicés. L’alcool est interdit. Je ne comprends pas tout, la foule me fait un peu peur mais c’est très sympa.
En tout cas c’est la fête ici
Histoire de Ganesh
Fils de Shiva et Parvati, Ganesh — ou Ganpati — est le dieu de la sagesse et de l’éducation, vénéré par tous. Plusieurs histoires expliquent comment sa tête s’est retrouvée être celle d’un éléphant. Dans la version la plus commune, Parvati se sentant trop seule a conçu un être à base de poussières et d’onguents. Lorsque la déesse prît un bain, elle demanda à son fils de garder la porte pour que personne ne puisse rentrer.
Quand Shiva, époux de Parvati, rentra de son week-end de méditation dans les montagnes, un homme qu’il ne connaissait pas l’empêcha de rejoindre sa déesse. Sans plus de négociation, Shiva lui coupa alors la tête. Après avoir appris que l’homme étant en fait son propre fils (bien que conçu sans lui), Shiva demanda qu’on lui rapporte une tête, la première venue. Ce fut celle d’un éléphant qui lui a été rapportée — laquelle fût rattachée au corps de Ganesh.
La fête de Ganesh
Le festival de Ganesh dure 11 jours en général, il est célébré entre la fin du mois d’août et le début de septembre. Le dernier jour du festival, de gigantesques statues à l’effigie du dieu sont immergées dans la mer ou dans les rivières — créant au passage de sérieux problèmes de pollution.
Chaque famille accueille dans sa maison une effigie qu’elle vénérera par des sucreries, des décorations en tout genre, des fleurs, pendant tout le temps du festival. C’est aussi l’occasion d’offrir des friandises aux voisins et aux proches. On pourra d’ailleurs comparer la décoration de l’idole à nos sapins de Noël, avec guirlandes lumineuses clignotantes en France comme en Inde. C’est à la fin du festival que les effigies seront immergées, en petits comités ou dans les foules compactes sur la plage de Chowpatty à Mumbai et dans la rivière au nord de Pune.
La fête est aussi célébrée à Paris, c’était cette année le 31 août.
Le festival vient du temps de la colonisation : un nationaliste indien nommé Tilak a transformé la fête familiale en célébrations publiques de grande ampleur. Le but était de rapprocher et de souder entre eux les hindouistes de toutes castes, brahmanes ou non, face à l’invasion britannique. Il n’y a donc aucune raison religieuse à l’immersion de l’effigie, qui n’était alors qu’une idée de Tilak pour rassembler le peuple à un même endroit.