Alors ça va ?
Le « Comment ça va ? » que l’on prononce plusieurs fois par jour dans le langage courant, est à l’origine une demande directe sur votre facilité à aller à la selle et sur moult détails quant à la consistance, la couleur et l’odeur…
En Inde, on renoue clairement avec l’origine triviale de cette expression. La vie ici est marquée par les inconforts gastriques de chacun. Après 3 mois d’alternance de constipation (riz tous les midis) et de diarrhées aiguës (Eau, fruits, légumes, viande avariée, King Fisher…), le caca devient un sujet de préoccupation permanent.
Les jours de réunions importantes, je me réveille le matin en craignant une diarrhée qui me contraindrait à quitter le meeting en courant(e), ce qui, associe a mon anglais approximatif, contribuerait à ruiner le peu de crédibilité qu’il me reste.
À la question « Comment était ton week-end ? », l’expatrié en Inde ne répond pas par un banal :
« Super soleil, paysages magnifiques » mais plutôt « Super ! J’ai fait des perfects avec juste un petit niveau 3 sur la fin ».
Il faut dire qu’à force, on développe un certain degré technique dans nos conversations.
Voici les principaux paliers de l’Échelle du chieur :
Le niveau 1 ou « Perfect » représente le caca dans des conditions optimales : Perfect (le papier reste tout rose après le premier passage), Chiottes occidentales et papiers toilette.
Le niveau 5 correspond à une diarrhée moyenne (avec morceaux), avec chiottes indiennes et douchette.
Le niveau 9 correspond à une diarrhée explosive, sur un tas d’immondices derrière un train, avec main gauche et bouteille d’eau croupie.
Comme vous le voyez, chier en Inde est un art et surtout un sujet de conversation inépuisable. Les expats ont toujours des histoires de caca à raconter.